Retour

Le Planning Familial d’Indre-et-Loire dédie un programme aux personnes en situation de handicap

Connaître son anatomie, comprendre la notion de consentement, être armé contre les violences et discriminations, maîtriser les moyens de contraception, savoir prévenir les IST… chaque être humain a besoin d’être éclairé, éduqué, pour le bien de sa santé affective et sexuelle. C’est le sens de la mission du Planning Familial.

Parce que les personnes en situation de handicap physique ou mental ne font pas exception, parce qu’ils aiment, désirent et ressentent du plaisir, le Planning Familial d’Indre-et-Loire (37) a développé un programme qui leur est dédié.

Le dispositif du Planning Familial 37 a été baptisé « Accompagner et informer la personne en situation de handicap et son entourage pour une meilleure autonomie dans sa vie affective et sexuelle, en prévention des conduites à risques et des violences ». Mehrzad Rouhani, Directeur du Planning Familial 37, explique : “la sexualité est un sujet tabou, le handicap en est un aussi, imaginez la sexualité des personnes en situation de handicap. Ce sujet, très vaste, est très peu abordé. Ici, nous avons décidé de travailler sur trois axes pour avoir des résultats : intervenir directement auprès du public concerné, former les professionnels qui sont à leur contact et travailler avec les familles. Dans le département, nous collaborons maintenant avec presque tous les établissements spécialisés accueillant des jeunes comme des adultes, qu’il s’agisse des ETA, Esat, Itep, IME*, foyers d’adultes… C’est très important. Notamment parce que ces personnes sont 60 à 70 % plus à risque d’être victimes de violences, y compris sexuelles. C’est un phénomène très caché.

L’équipe du planning familial Indre-et-Loire

“L’éducation concernant le corps, la vie affective puis la santé sexuelle doit démarrer dès le plus jeune âge”

Les exemples concrets démontrant la nécessité de mener ces actions de formation, d’information et d’éducation sont pléthore. Mr Rouhani raconte : “nous avons un jour été en contact avec une femme à laquelle on donnait des médicaments chaque mois car elle faisait des crises. En dialoguant, nous nous sommes rendus compte qu’elle avait simplement ses règles. Personne ne lui avait jamais expliqué ce qui lui arrivait et chaque mois elle était terrifiée…” Marielle Thomine, Psychologue et coordinatrice au Planning Familial 37, a elle aussi des exemples éloquents à partager : “une structure avec laquelle nous travaillons a découvert à l’arrivée d’une femme qui se plaignait de douleurs très importantes qu’elle avait en fait un stérilet au cuivre depuis 15 ans… ce n’était noté nulle part dans son dossier et elle n’était pas en capacité de l’exprimer elle-même… Si on n’ouvre pas la parole, l’échange, les conséquences peuvent être dramatiques.” Le Planning Familial et les établissements dans lesquels il intervient travaillent ainsi sur l’anatomie, l’intimité, la santé sexuelle et reproductive, les vulnérabilités aux violences de toutes sortes (violences gynécologiques, sexuelles, conjugales, inceste), le consentement, les dangers d’internet et des réseaux sociaux (pornographie, arnaques de réseaux de prostitution notamment)…

La sexualité est un sujet tabou, le handicap en est un aussi, imaginez la sexualité des personnes en situation de handicap. Ce sujet, très vaste, est très peu abordé.

Mehrzad Rouhani Directeur du Planning Familial 37

Pour Typhaine Hesloin, Psychologue Clinicienne à l’IME Robert Debré, Association Les Elfes : “l’éducation concernant la vie affective et sexuelle doit démarrer dès le plus jeune âge, comme pour tous les autres aspects de la vie et comme pour tout le monde. C’est aussi important que l’apprentissage de l’autonomie (transport, vie quotidienne, etc) travaillée par les éducateurs dans notre établissement.” Marielle Thomine confirme : “on cible tous les âges. Avant, on intervenait surtout pour les adultes et on a de plus en plus de demandes pour les plus jeunes, les adolescents.

“Les équipes étaient parfois démunies et n’avaient pas d’outils fonctionnels et adaptés aux jeunes en situation de handicap”

Cette éducation passe par la formation des professionnels. “Parce que c’est un sujet tabou, il est difficile en tant que professionnel de répondre aux questionnements des jeunes en situation de handicap. Dans notre IME, où nous accompagnons des jeunes âgés de 12 à 25 ans, les équipes étaient parfois démunies et n’avaient pas d’outils fonctionnels et adaptés à notre public. Grâce au Planning Familial 37, depuis 3 ans nous avons commencé par former les professionnels qui sont au contact quotidiens des jeunes – équipe éducative, équipe de soin (infirmière, psychomotriciennes, kinésithérapeute), assistante sociale – mais également les cadres de l’établissement et de l’association (psychologues et chefs de service).”, raconte Typhaine Hesloin.

Ateliers et outils du Planning Familial

“Grâce à ce dispositif, nous animons une douzaine de sessions par année scolaire pour les 110 jeunes de l’établissement, en petits groupes. C’est beaucoup mais c’est nécessaire car pour être efficace il faut prendre le temps de réexpliquer, d’utiliser différents médias et de déconstruire leurs représentations pour reconstruire. La connaissance s’acquiert lentement. C’est un travail de répétition.”

Les outils et supports évoqués par Typhaine Hesloin ont été pensés et conçus par le Planning Familial pour être adaptés aux publics visés, comme l’explique Marielle Thomine : “nous avons notamment des planches anatomiques très visuelles, nous utilisons des poupées sexuées, des pictogrammes également. Le travail sur la lecture de l’image est important aussi : tous n’en ont pas la même compréhension.

“Les proches ont besoin d’information et on ne doit pas les oublier en tant qu’accompagnants familiaux”

Au-delà de la formation des professionnels et des interventions collectives ou individuelles auprès des bénéficiaires, les parents, les familles et parfois les tuteurs ont aussi un rôle complémentaire à jouer. Pour Marielle Thomine, “ils n’ont pas de formation dans le domaine médico-social, ils ont un lien affectif, des craintes, des angoisses, des espérances que n’ont pas les professionnels qui entourent leurs proches. Nous avons donc créé des groupes d’échange entre parents. Les proches ont besoin d’information et on ne doit pas les oublier en tant qu’accompagnants familiaux.”

Des poupées sexuées pour animer les ateliers du Planning Familial

Typhaine Hesloin témoigne aussi de leurs attentes : “les parents ont des questions, sont démunis dans l’accompagnement de leurs enfants autour de ce sujet, ils sont en demande que l’on fasse relais, avec des outils adaptés… Mais c’est important aussi que le Planning Familial puisse intervenir auprès d’eux et que les familles se rencontrent et partagent. Ils peuvent nommer leurs difficultés du quotidien : aide à la toilette, gestion de l’intimité, accompagnement des cycles menstruels, etc.”

“C’est vraiment important parce qu’avant je ne pouvais pas me confier comme je le fais maintenant, c’était beaucoup plus dur, j’avais un ton agressif”

À l’IME Robert Debré, les résultats sont probants. “On les observe à la fois à l’intérieur de notre structure et à l’extérieur. Au sein de l’IME, les comportements inappropriés sont moins fréquents, on est davantage confrontés à des questions liées à l’adolescence ! Les équipes commencent à être plus à l’aise pour aborder ces sujets, ils passent moins le relais à l’infirmière et à la psychologue pour répondre aux questions des jeunes. Les établissements pour adultes commencent également à voir les bénéfices de la prévention en amont : connaissance du corps, notion d’intimité, contraception etc.”, explique Typhaine Hesloin.

Benjamin Levy, qui est suivi par le Planning Familial dans son établissement L’institut du Mai, à Chinon, témoigne : “C’est vraiment important parce qu’avant je ne pouvais pas me confier comme je le fais maintenant, c’était beaucoup plus dur, j’avais un ton agressif. C’est confidentiel et j’ai le droit de dire ce que je veux, dans la limite du respect bien sûr. On a parlé de sexualité et puis j’ai demandé à comprendre comment fonctionne le corps. On parle aussi de thèmes concernant ma vie, les bonnes actions que j’ai pu faire, les émotions que j’ai eues, les anxiétés surtout. Je dis à mes amis et mes collègues : si vous avez des problèmes, allez-y, allez voir le planning, allez vous confier, ça va vous aider.”

* ETA = Établissement Thérapeutique pour Adolescents 
Esat = Établissement et Service d’Aide par le Travail 
Itep = Instituts Thérapeutiques, Éducatifs et Pédagogiques 
IME = Instituts Médico-Éducatifs 

Kit d'hygiène utilisé en formation

Pourquoi nous soutenons ce projet ?

Le projet du Planning Familial d’Indre-et-Loire permet d’aborder des sujets universels et indispensables à la santé avec un public trop souvent exclu en matière d’éducation à la santé sexuelle et reproductive. Le programme repose sur un triptyque incluant tous les acteurs concernés : les personnes en situation de handicap, les professionnels de santé et les familles. Pour découvrir le projet cliquez ici.

Autres actualités

  • Le dernier rapport d’activité de la Fondation est en ligne ! Découvrez l’Essentiel 2021 – 2022.

    Voir
  • Fablab Héphaïstos : le “design thinking” au service des hospitaliers

    Voir
  • [Interview croisée] Frédérique Martz et Fabienne Boulard : récit d’une coopération exemplaire entre l’association Women Safe & Children et la Police

    Voir
Aller au contenu principal