CORHESAN : des médiateurs et des habitants ambassadeurs en santé au service des habitants des QPV du centre-ville de Marseille
Idées clés
Domaine d'action
- La médiation en santé
Type de projet
Projet de terrain
Durée du soutien
2024-2025
Lieux
Marseille (1e, 2e et 3e arrondissements)
- 15 quartiers concernés par le projet (environ 30 000 personnes)
- 4 médiateurs en santé, 1 infirmière et une dizaine d’ambassadeurs
- 45 actions mensuelles en moyenne
- + de 12 000 personnes touchées et
- 1 700 accompagnées vers un parcours de prévention ou de soins (entre 2022 et 2024)
Les bénéficiaires
En France métropolitaine, un Quartier Prioritaire de la politique de la Ville (QPV) sur dix est situé en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Marseille concentre à elle seule la moitié de leurs habitants. Dans ces quartiers, les inégalités sociales et territoriales de santé sont très marquées, par l’effet combiné de difficultés économiques, d’habitat dégradé, de moindre recours aux droits communs (barrière de la langue, faible niveau d’information) et du faible niveau de littératie en santé. La pauvreté et la précarité ont des impacts négatifs majeurs sur la santé des habitants. Ils sont moins impactés par les campagnes de prévention, bénéficient moins souvent de dépistage et tardent à consulter lorsqu’ils ont un problème de santé, perdant un temps précieux.
Dans les arrondissements du centre et du nord de Marseille, un décès sur cinq (20,2 %) est prématuré (avant 65 ans) et la moitié des décès sont liés à un cancer (26,7 %) ou à une maladie de l’appareil circulatoire (23,1 %). Près d’un décès sur dix (9,3 %) pourrait être évité par une réduction des comportements à risque. Par ailleurs, l’obésité et le manque d’activité physique sont plus courants chez les personnes pauvres, or ces facteurs augmentent le risque de maladie cardiovasculaire. Ces quartiers comptabilisent aussi le plus fort taux de diabète de France. S’ajoutent à cela un manque de suivi gynécologique et dentaire, des couvertures vaccinales parmi les plus faibles du pays, des maladies chroniques, des addictions. Enfin, un assuré sur cinq vivant dans ces quartiers est porteur d’une affection longue durée et le recours aux soins s’avère encore trop faible.
Face à de tels constats, l’Hôpital Européen a ouvert en 2013 pour tenter de rendre plus équitable l’offre de soins sur le territoire de la métropole Marseillaise entre le nord et le sud. Au fil des ans, il est devenu le pivot du système de santé pour les quartiers nord et centraux.
Le projet
Durant la pandémie de COVID-19, l’Hôpital Européen a créé le dispositif de médiation en santé CORHESAN pour aller à la rencontre des habitants les plus vulnérables des quartiers alentours, en répondant à leurs besoins d’information, d’orientation et d’accompagnement. Aujourd’hui, le dispositif compte 4 médiateurs en santé, 1 infirmière et une dizaine d’habitants “ambassadeurs” qui se rendent quotidiennement au cœur des quartiers prioritaires du centre-ville de Marseille. Ils se déplacent pour « parler santé » avec les habitants en porte à porte, en installant des stands de rue (en pied d’immeuble, à la sortie du métro, sur la place du marché, dans les parcs, devant une pharmacie du quartier…) ou encore au sein des structures associatives et des centres d’hébergement et d’accueil.
Ces actions d’aller-vers sont l’occasion de nouer une relation de confiance pour proposer un accompagnement proportionné et permettre à chacun de gagner en autonomie afin qu’il se saisisse des dispositifs de prévention et de soins existants, en ville comme à l’hôpital. Aujourd’hui, CORHESAN cible plus spécifiquement deux sujets de santé publique : le dépistage organisé des cancers bénéficiant d’un programme de dépistage national (cancer du col de l’utérus, cancer du sein et cancer colorectal) et le rattrapage vaccinal. Le dialogue instauré permet néanmoins d’entendre les autres problématiques de santé exprimées par les habitants et d’y répondre, notamment par l’accès à un médecin traitant ou le renouvellement des droits en santé.
L’une des spécificités du projet est de proposer à des habitants volontaires de s’impliquer bénévolement comme ambassadeurs de santé, à raison d’une demi-journée par semaine. Tout comme les médiateurs, ils suivent une formation initiale puis des temps de formation continue tout au long de l’année. Ils participent également aux temps de réflexion pour décider des orientations du projet. Des actions spécifiques sont également menées auprès des professionnels de santé pour les sensibiliser à l’intérêt de la médiation en santé, aux enjeux de la littératie en santé, au recours à l’interprétariat. Le projet bénéficie par ailleurs d’un important dispositif d’études et d’évaluations, dont le but est de produire des données probantes et de capitaliser sur cette expérience. Depuis le démarrage du projet en octobre 2022, l’équipe a réalisé une moyenne de 45 actions mensuelles. Toutes ces interventions ont permis de rencontrer plus de 12 000 personnes, et d’accompagner vers un parcours de prévention ou de soins 1700 d’entre elles : 175 pour une mammographie ; 350 pour un frottis ; 700 personnes ont reçu un kit de dépistage colorectal ; 400 ont été vaccinées ; 75 ont retrouvé un médecin traitant… En complément, 4 000 personnes ont bénéficié d’une simple orientation (délivrance d’une information et/ou d’une adresse).
Au-delà de l’aller-vers, le dispositif vise donc aussi à “ramener vers” le système de santé. Cela peut prendre plusieurs formes, selon les besoins exprimés par la personne et son degré d’autonomie : l’explication de dispositifs, l’aide à la prise de rendez-vous, l’accompagnement physique à un rendez-vous, la mise en place d’un interprétariat durant un rendez-vous, le suivi des résultats d’une consultation, la coordination des parcours avec le médecin traitant…
Enfin, sachant qu’une personne ou une famille vulnérable est souvent concernée par plusieurs problématiques, allant du logement à l’emploi en passant par la santé, le projet s’inscrit dans les dynamiques locales avec les autres acteurs du champ sanitaire ou social. Ainsi, un flyer recensant les coordonnées les plus fréquemment demandées par les habitants est édité (médecin prenant encore des nouveaux patients, lieux où faire une consultation gynécologique ou une vaccination, association d’aide à l’ouverture des droits…) à destination des autres acteurs du territoire.
Les équipes se déplacent au cœur des quartiers ciblés afin de recréer du lien avec les populations vulnérables et précaires. Réel facilitateur pour la population marseillaise, elles effectuent du « aller-vers » mais aussi et surtout du « ramener-vers » la médecine de ville. Dans un contexte sanitaire, social, économique et politique tendu, cette lutte n’a jamais été aussi vibrante. CORHESAN propose un accompagnement médico-social concret aux personnes les plus vulnérables
La structure
Établissement de Santé Privé d’Intérêt Collectif (ESPIC), l’Hôpital Européen – Marseille accueille chaque année près de 450 000 patients. Ouvert en 2013 à l’initiative de la Fondation Ambroise Paré et des pouvoirs publics, il répond à une double mission : réduire le déséquilibre de l’offre de soins à Marseille entre le sud et le nord ; créer un équipement collectif d’intérêt général au cœur de la zone Euroméditerranée. Il incarne la devise de la Fondation Ambroise Paré, « L’humain au cœur des soins », en structurant depuis plus de 10 ans des parcours et des dispositifs en faveur des plus vulnérables.
Ce qui nous a convaincus
- Un projet concret mettant cœur des actions d’aller vers, de ramener vers et de pair à pair dans les quartiers prioritaires de Marseille.
- Une ambition forte en termes d’évaluation et de production de données issues du terrain pour prouver l’impact et travailler le modèle d’essaimage du dispositif.