
Etat des lieux du recours aux soins dentaires du personnel hospitalier
Idées clés
Domaine d'action
- La santé des professionnels de santé
Type de projet
Recherche universitaire
Durée de la recherche
9 mois
Population cible
Personnels hospitaliers et plus spécifiquement aides-soignants et infirmiers
- 18% de renoncement aux soins dentaires en population générale
- 70% des communes et arrondissements considérés comme très sous dotés en offre de soins dentaires
Le postulat
La santé des professionnels de santé et du personnel hospitalier est de plus en plus préoccupante, notamment en raison des risques auxquels ils sont exposés et de leurs conditions de travail (rythme, horaires décalés, sous-effectifs…) qui ont un impact sur leur santé physique et psychique, leur bien-être et leur capacité à bien vieillir. En matière de santé bucco-dentaire, des travaux préliminaires menés auprès de la population cible démontre un faible recours aux soins. Ce volet de la santé ne doit pourtant pas être négligé. Alors que la plupart des affections bucco-dentaires sont évitables grâce à la prévention, le suivi et des soins réguliers, une prise en charge tardive peut provoquer une gêne, des douleurs intenses, des soins plus invasifs et plus coûteux…

Afin de confirmer ce constat du faible recours aux soins dentaires chez les hospitaliers et d’en identifier les causes, ce projet de recherche comporte deux volets : une revue de la littérature existante sur la consommation de soins dentaires des soignants et des personnels hospitaliers ainsi qu’une étude prospective ciblant les personnels hospitaliers et leurs trajectoires de recours aux soins dentaires.
L'objet de la recherche
Concrètement, cette recherche doit permettre d’identifier si les conditions de travail et les contraintes professionnelles influencent la consommation de soins et les trajectoires de soins dentaires chez les professionnels de santé et le personnel hospitalier. L’enjeu est ensuite d’identifier des facteurs permettant d’améliorer leur recours aux soins dentaires et l’acquisition de comportements favorables à la santé orale.
La revue de littérature consistera en une analyse systématique des articles et études scientifiques (revues, travaux universitaires et rapports) portant sur la consommation de soins dentaires et les trajectoires de soins des professionnels de santé. Pour croiser les problématiques de rapport à la santé et d’horaires décalés sur un périmètre large, elle s’intéressera aux travaux réalisés sur l’accès aux soins du personnel hospitalier en général (soignants et non soignants) mais aussi des professionnels de santé libéraux. Cette étape permettra d’identifier les tendances, les lacunes et les résultats clés de la recherche sur le sujet.
Dans un deuxième temps, des entretiens semi-directifs seront menés auprès d’un échantillon de professionnels de santé afin de recueillir des données qualitatives sur leur expérience et leur perception des soins de santé, notamment les soins dentaires. Cette étape ciblera plus spécifiquement des aides soignant.e.s, présentant à la fois des horaires décalés et des revenus peu élevés, et des infirmier.e.s, pour permettre une comparaison avec une population libérale.
Ces entretiens exploreront en profondeur les barrières individuelles, sociales et organisationnelles qui peuvent faire entrave à la santé dentaire de ces professionnels.
Notre objectif est de faire un état des lieux : le personnel hospitalier a-t-il un recours limité aux soins dentaires, et si oui, quelles sont les raisons invoquées ? Les résultats de cette recherche nous permettront alors d’évaluer la pertinence d’une étude de plus grande ampleur sur les données de consommation de soins des hospitaliers.

L'équipe
Cette recherche est menée par deux responsables scientifiques :
- Anne-Charlotte Bas, économiste de la santé et chirurgien-dentiste – Université de Rouen Normandie, équipe Soins Primaires, CESP INSERM
Anne-Charlotte Bas est Maître de conférences – Praticien hospitalier et directrice du département d’odontologie de l’Université de Rouen Normandie. Elle mène actuellement sa recherche au sein de l’équipe « Soins primaires et prévention » du CESP (U1018) et travaille notamment sur les raisons socio-économiques du non-recours aux soins dentaires.
- Annabelle Tenenbaum, chercheur en éducation et promotion de la santé, docteure en Éthique Médicale et Médecine Légale et chirurgien-dentiste – Université Paris Cité, Laboratoire Educations et Promotion de la Santé
Annabelle Tenenbaum est Maître de conférences – Praticien hospitalier, dans le département de Santé Publique Orale de l’UFR d’Odontologie de l’Université Paris Cité et à l’hôpital Pitié-Salpêtrière. Elle développe sa recherche en santé publique au sein du Laboratoire Educations et Promotion de la Santé (LEPS UR3412 – Université Sorbonne Paris Nord). Elle travaille notamment sur les dispositifs de prévention, la littératie et l’éducation en santé orale, dans le but de réduire les inégalités sociales de santé.
L’équipe est également composée de Marie Manganelli, ingénieure scientifique, et Hana Bougheila étudiante en master Sociologie, Santé au travail.
Ce qui nous a convaincus
La santé bucco-dentaire des professionnels de santé n’est que très rarement évoquée. Elle joue pourtant un rôle très important sur la santé globale, notamment en raison de la gêne et des douleurs intenses qu’elle peut engendrer et de l’impact que cela peut avoir sur la nutrition. À l’inverse, elle peut aussi être le révélateur d’une mauvaise nutrition. Il est donc essentiel de mieux connaître la réalité de la qualité de la santé bucco-dentaire des professionnels de santé et de repérer et comprendre les causes expliquant un « mauvais » état de santé bucco-dentaire. Pour éclairer ces questions, ce projet et la méthodologie retenue s’appuient sur la solide expertise de l’équipe de recherche tant en odontologie qu’en économie et santé publique.