Formation des professionnels de santé pour améliorer l’accompagnement des personnes touchées par les mutilations génitales et les violences sexuelles
Idées clés
Domaine d'action
- La médiation en santé
Durée du soutien
2019 - 2022
Lieux
Centres de vaccination du G.I.H Bichat
Claude Bernard (Paris 18ème)
Centres de vaccination de l'Hôpital Avicenne (93)
- 3 focus groupes
- 26 femmes concernées participant aux focus groupes
- 12 professionnels formés
Les bénéficiaires
Aujourd’hui en France, les mutilations génitales féminines (MGF) telles que l’excision touchent à la fois des filles et des femmes migrantes ou nées en France de parents originaires de pays où elles sont pratiquées.
Pour la majorité, les mutilations génitales féminines sont réalisées lors d’un retour au pays pour les vacances.
Or, beaucoup de familles se rendent dans les centres de vaccination internationaux avant un voyage, que ce soit pour la prévention liée aux risques sanitaires, le paludisme ou la mise à jour vaccinale.
Constatant que les professionnels de santé sont insuffisamment préparés au dépistage et à la prise en charge des mutilations génitales féminines, et considérant son centre de vaccination internationale comme un lieu privilégié pour dépister et prévenir, l’Hôpital Bichat-Claude Bernard, à travers son service des Maladies Infectieuses et Tropicales, a donc décidé de concevoir une formation dédiée aux MGF.
Forte de cette expérience, l’équipe de recherche a décidé d’étendre le projet pour former également les professionnels de santé au repérage et à l’accompagnement des hommes ayant subi des violences sexuelles au cours de leur parcours migratoire.
Le projet
Alors que les formations théoriques existantes permettent d’augmenter le savoir sur les MGF (épidémiologie, différentes formes de MGF, complications…) la prise en charge et la prévention souffrent d’un manque de dépistage au cours de la consultation courante. Car le sujet reste une question difficile à aborder. La formation imaginée par l’Hôpital Bichat-Claude Bernard vise donc à améliorer les pratiques de dépistage des femmes à risque de MGF et favoriser leur accès à une prise en charge adaptée.
Pour aboutir à une formation permettant aux professionnels de poser une série de questions de contextualisation, avec bienveillance, pour enfin aborder la question « Avez-vous subi une mutilation génitale ? », le projet a été basé sur la réalisation de « focus groupes » avec les femmes concernées. Ces focus groupes consistaient à rassembler des femmes originaires d’Afrique subsaharienne concernées par la question des MGF pour adopter une approche socio-anthropologique et mettre la parole de ces femmes au centre de la démarche et de la compréhension du sujet. Co-construite avec ces « patientes expertes », la formation permet de fournir aux professionnels de santé des outils pratiques de communication en consultation pour faciliter l’abord de la question des MGF.
Destinée aux médecins, infirmiers, secrétaires, aides-soignants, étudiants, cette formation utilise une approche pédagogique innovante de type « théâtre forum » (pratique de théâtre interactive permettant d’aborder une problématique collective) réalisée par un organisme de formation. Elle permet de mettre les stagiaires en situation, pour qu’ils acquièrent une meilleure compréhension des difficultés vécues par les femmes ainsi qu’une écoute, une compréhension et un accompagnement permettant d’ouvrir le dialogue.
À terme, elle a vocation à être élargie aux autres centres de vaccination internationale (d’abord en Ile-de-France puis sur l’ensemble du territoire) grâce à un module de formation généralisé. Cet outil pourra alors être aussi proposé à d’autres structures de santé : l’ensemble des services de Maladies Infectieuses, les services de Gynécologie et maternité, pédiatrie, centres de Protection Maternelle et Infantile.
Par ailleurs, l’approche socio-anthropologique, avec la méthode des “focus groupes”, est dupliquée pour élaborer un module de formation spécifique sur la thématique des violences sexuelles faites aux hommes.
Le projet du G.I.H Bichat-Claude Bernard a bénéficié d’un accompagnement à l’évaluation d’impact social par l’Agence Phare, encouragé et soutenu par la Fondation MNH. Découvrez les conclusions du rapport et l’infographie.
Améliorer le dialogue entre les femmes ayant subi une mutilation sexuelle dans leur pays, suivi du tabou d’en parler, et les professionnels de santé, pour qu’elles ne revivent pas ce tabou une nouvelle fois en France.
La structure
Centre hospitalier universitaire de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), l’hôpital Bichat-Claude Bernard assure à la fois une mission de proximité qui répond aux besoins de la population adulte du nord parisien et francilien et une prise en charge spécialisée et de référence dans la plupart des disciplines médicales et chirurgicales.
Le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital propose une large offre de soins en infectiologie : le soin mais aussi la prévention et le dépistage des infections. Il a développé en particulier une offre de soins particulièrement orientée vers les infections bactériennes et la résistance aux antibiotiques, l’infection VIH, la médecine tropicale et des voyages, les infections parasitaires, la tuberculose et les infections des personnes transplantées.
Ce qui nous a convaincus
- Une formation inédite, moderne et concrète, permettant aux professionnels de santé d’être outillés pour aborder la question délicate des mutilations génitales féminines durant la vaccination, afin d’informer et sensibiliser les femmes et les familles.
- Une formation réalisée en partant des besoins et attentes des femmes concernées par les MGF.
- La possibilité de créer un outil de formation standardisé, pouvant être transmis à tous les centres de vaccinations, puis à l’ensemble des services hospitaliers intéressés en France.
- La possibilité d’adapter la méthode à d’autres problématiques comme celle des violences sexuelles faites aux hommes pendant le parcours migratoire.