SANSAS : enquête sur les perceptions, attitudes et pratiques des soignants vis-à-vis de leur santé
EHESP
Idées clés
Domaine d'action
- La santé des professionnels de santé
Type de projet
Recherche universitaire
Durée de la recherche
1 an (2024-2025)
Population cible
Professionnels de santé
- 40 % des décès prématurés dans les pays d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest seraient dus à des facteurs comportementaux
Le postulat
Les soignants présentent une caractéristique particulière comparée à la population générale : ils bénéficient de facteurs de protection favorables à la prise en charge de leur propre santé (connaissance du système de santé, réseau, littératie en santé…) tout en étant exposés à des facteurs de risque spécifiques pour leur santé physique et mentale, compte tenu de leurs conditions de travail (expositions aux maladies infectieuses, stress, horaires longs et/ou travail de nuit…).
Dans le sillon de la stratégie nationale portée depuis 2017 par le ministère de la Santé pour « prendre soin de ceux qui soignent », diverses initiatives sont menées pour dresser un état des lieux de la santé des soignants, qui s’avère relativement préoccupant. La question se pose alors de savoir pourquoi, alors que les soignants devraient être “armés” pour prendre soin de leur santé.
Analyser les comportements et les mécanismes qui poussent un soignant à prendre soin de sa santé ou au contraire à la négliger apparaît essentiel pour établir des stratégies et programmes d’intervention qui permettraient d’améliorer leur recours aux services de soin ou de prévention. Si des études dressent un état des lieux de la santé des soignants, peu étudient les facteurs permettant de caractériser et d‘expliquer leurs comportements en lien avec la santé.
Les comportements de santé désignent les actions, les habitudes et les décisions que les individus prennent afin de préserver, améliorer ou restaurer leur état de santé (physique ou mentale), ou au contraire les comportements à risque, qui ont une influence délétère sur la santé (tabagisme, alcoolisme, inactivité physique, hésitation vaccinale…). Les données épidémiologiques mondiales en population générale montrent que les facteurs de risque liés à ces comportements seraient actuellement le principal contributeur à la perte d’années de vie sans incapacité.
En Amérique du Nord comme en Europe de l’Ouest, les effets de ces facteurs comportementaux (en particulier le tabagisme, la consommation d’alcool, l’inactivité physique et la malnutrition) sur la santé des populations sont particulièrement bien documentés. Il est aujourd’hui estimé que ces comportements à risque seraient à l’origine de près de 40 % des décès prématurés dans ces pays développés.
L'objet de la recherche
Dans ce contexte, le projet SANSAS a pour but d’identifier les principaux freins et leviers qui influent sur les comportements de santé des populations soignantes, ainsi que les spécificités potentielles en fonction des catégories de métiers (en particulier les médecins, infirmiers et aides-soignants) et des conditions d’exercice (hospitalier ou libéral). Il est mené par l’équipe de Recherche sur les Services et le Management en Santé de l’École des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) de Rennes.
Le travail de recherche débutera par une revue et une analyse des résultats des programmes et actions récemment mis en œuvre pour améliorer les principaux comportements en lien avec la santé physique et mentale (tabagisme, consommation d’alcool, activité physique, alimentation, sommeil, dépistage) des professionnels de santé en France et en Europe.
Puis, une enquête qualitative approfondie sera menée auprès d’un échantillon de 45 soignants de profils et de statuts variés :
- 15 médecins généralistes ou spécialistes (5 travaillant dans le milieu hospitalier, 5 exerçant en libéral et 5 du secteur médico-social) ;
- 15 infirmiers (5 hospitaliers, 5 libéraux et 5 du secteur médico-social) ;
- 15 aides-soignants (5 hospitaliers, 5 libéraux et 5 du secteur médico-social).
Cette enquête aura pour but de les interroger sur leurs contraintes, besoins, aspirations, jugements et autres représentations mentales, pour identifier les principaux freins et leviers s’agissant des capacités, des motivations et des opportunités à agir en faveur de leur santé. L’analyse des résultats permettra de mieux cerner : leur représentation de la santé ; leur niveau de littératie ; le lien de ces représentations et connaissances avec leurs comportements de santé.
En raison du manque d’étude transversale sur les déterminants comportementaux de la santé des soignants, ce premier travail de recherche exploratoire pourra être complété ensuite par des enquêtes de confirmation par questionnaire, auprès d’un échantillon représentatif de la population soignante.
En matière de prévention, les cordonniers sont les plus mal chaussés ! On sait paradoxalement encore peu de chose sur la manière dont on pourrait agir pour améliorer la santé des soignants. Il y a un travail considérable de recensement et d’évaluation à faire sur les méthodes et les stratégies de promotion de la santé chez ces travailleurs essentiels au bien-être de tous
L'équipe
Le projet SANSAS est porté par le Laboratoire U1309, Équipe de recherche sur les services et le management en santé (RSMS) de l’École des Hautes Etudes en Santé Publique de Rennes.
Trois chercheurs apporteront leurs expertises complémentaires.
- Jocelyn Raude (PhD, HDR), professeur des universités en psychologie sociale ;
- Karine Gallopel-Morvan (PhD, HDR), professeure des Universités classe exceptionnelle (spécialité marketing social) à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique et Professeure honoraire de l’université de Stirling (Ecosse) ;
- Emmanuelle Leray (PhD, HDR), enseignante-chercheuse en épidémiologie et directrice de l’U1309 RSMS ;
Ce qui nous a convaincus
- En explorant les comportements de santé et le rapport à la prévention chez les professionnels de santé, ce projet novateur ambitionne d’approfondir la compréhension du rapport qu’entretiennent les soignants avec leur propre santé, un sujet méconnu alors même qu’il influence leurs performances et leur bien-être professionnel.