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VALORIS : coûts directs et indirects pour les établissements de santé et médico-sociaux liés à la mauvaise santé de leurs professionnels

EHESP

Le projet de recherche VALORIS a pour but de déterminer les coûts directs et indirects, pour les établissements de santé et médico-sociaux, liés à la mauvaise santé de leurs professionnels. Cette étude – menée par l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) – est une démarche inédite en France qui doit permettre d’inciter les décideurs à agir pour la santé des professionnels de santé.

Idées clés

Domaine d'action

  • La santé des professionnels de santé

Type de projet

Recherche universitaire

Durée de la recherche

1,5 an (2024-2025)

Population cible

Professionnels de santé

  • 4,5 milliards d’euros de coût estimés pour un taux d’absentéisme à
  • 8% dans le secteur hospitalier (estimation pour 2021)

Le postulat

Les professionnels de santé font face à des conditions de travail difficiles (horaires de travail longs, quarts de travail irréguliers, situations de stress constant…), des risques professionnels importants (exposition à des agents pathogènes, radiations, produits chimiques), un environnement humain qui peut être complexe (manque de personnel, pressions liées au diagnostic et au traitement des patients, situations émotionnellement difficiles, conflits). Tous ces facteurs impactent la santé mentale et physique du personnel des établissements hospitaliers et médico-sociaux, devenue un sujet de préoccupation pour les pouvoirs publics et les acteurs du système de santé.

Pourtant, les programmes de promotion de la santé sur le lieu de travail, lorsqu’ils sont bien conçus, peuvent améliorer la santé des employés de l’hôpital, mais aussi augmenter leur productivité. Des études économiques, regroupées sous la théorie du “capital humain”, montrent que la productivité au travail d’un individu dépend des investissements réalisés dans son éducation et sa formation, mais aussi dans sa santé.

La décision d’intervenir pour la santé en milieu professionnel est donc non seulement éthique mais relève aussi d’un calcul économique qu’il s’agit d’appréhender pour pousser les décideurs à agir. Car l’incitation à agir est d’autant plus forte lorsque l’on démontre que les coûts de l’inaction sont élevés.

Dès lors, comment savoir ce que représente financièrement, pour un hôpital, la dégradation de l’état de santé de ses personnels, ainsi que les phénomènes d’absentéisme et de présentéisme (baisse de productivité affectant les travailleurs présents sur le lieu de travail lorsque d’autres sont absents) ? Aujourd’hui, la littérature suggère que les coûts induits par la baisse de la productivité des travailleurs (dits « coûts indirects ») sont non-négligeables et souvent d’ampleur comparables aux coûts directs de traitement de certaines pathologies, comme les maladies chroniques ou mentales. Mais suivant la méthode retenue, le montant de ces coûts indirects sont très variables. Par ailleurs, il n’existe pas de méthode de calcul solide spécifique au secteur hospitalier en France.

 

L'objet de la recherche

Pour appréhender la problématique de la santé des professionnels de santé sous l’angle économique, le projet VALORIS propose de reproduire et adapter au secteur de la santé en France l’étude suédoise Strömberg et al. (2017). L’objectif est de déterminer, pour plusieurs professions hospitalières et différents types d’établissements, les coûts directs et indirects liés à la perte de productivité pour raison de santé. Des coefficients multiplicateurs simples à utiliser par les employeurs seront estimés pour valoriser monétairement l’absentéisme et le présentéisme.

Concrètement, le travail reposera sur une enquête par questionnaire menée auprès de managers dans des établissements de santé et du secteur sanitaire et social, public et privé : directeurs d’établissement, directeurs des soins, cadres de santé, responsables administratifs et techniques, chefs de service et chefs de pôle, divers coordonnateurs, etc. Pour ce faire, le questionnaire Strömberg sera adapté au contexte français – avec son cadre réglementaire et ses pratiques managériales spécifiques – et sera préalablement testé auprès d’un sous-échantillon. À l’issue de l’enquête, les données seront analysées et les hypothèses testées pour estimer les coefficients multiplicateurs permettant le calcul des coûts liés à la mauvaise santé de leurs professionnels pour les établissements hospitaliers. Enfin, des calculs seront réalisés en partenariat avec des établissements de santé partenaires.

Les managers hospitaliers (directeur d’hôpital, directeur des soins, cadres de santé, responsables administratifs et techniques, chefs de services et chefs de pôles, etc) étant une population difficile à atteindre pour mener une enquête, différents relais seront mobilisés grâce au réseau de l’EHESP qui forme les managers du service public hospitalier et bénéficie donc d’un accès privilégié à cette population.

À son terme, le projet Valoris permettra de livrer un questionnaire validé adapté au contexte français et qui pourra être utilisé dans les grandes enquêtes de statistiques publiques. Parallèlement, un document sera édité, reprenant les enjeux du projet ainsi qu’une présentation détaillée du débat sur les différentes approches de valorisation des pertes de productivité liées à la santé, sous la forme d’une revue de littérature. Des résultats intermédiaires issus de l’exploitation des données de l’enquête seront également présentés avec les coefficients multiplicateurs établis pour chaque type de métier et d’établissement. Ces résultats seront accompagnés d’un exemple d’utilisation à partir des données réelles d’un établissement volontaire. Enfin, un article scientifique sera publié afin de valoriser les résultats du projet.

J’ai décidé de porter le projet Valoris parce qu’il contribue à la stratégie nationale de prévention de la santé des soignants. Une fois les gains attendus des programmes de prévention connus, il sera utile de les rapporter aux coûts de l’inaction. Les montants perdus à cause de l’absentéisme vont ainsi permettre de déterminer l’envergure des actions à mener et surtout, de mobiliser encore plus tous les acteurs du secteur hospitalier qui verront combien ils ont à y gagner.

Nicolas Sirven, Professeur des Universités en sciences économiques à l’EHESP
Nicolas Sirven, Professeur des Universités en sciences économiques à l’EHESP.

L'équipe

Le projet est mené par une équipe pluridisciplinaire basée à l’EHESP à Rennes. Ses membres ont une expérience commune de travail sur d’autres projets, garantissant la cohésion de l’équipe et la complémentarité des contributions.

L’équipe Valoris est composée de :

  • Nicolas Sirven, Professeur des Universités en sciences économiques à l’EHESP, co-directeur de l’équipe RSMS du laboratoire Arènes CNRS (UMR 6051) & INSERM (ERL 1309), directeur adjoint de l’Institut du Management pour la recherche, et titulaire de la Chaire « Économie et Management des Établissement de Santé » (EMES). Avec une solide expérience dans la gestion de projets de recherche aux plans national et international, une expertise dans la collecte et le traitement des données d’enquête, et une recherche centrée sur les problématiques économiques de l’hôpital, il est le coordonnateur du projet VALORIS.

 

  • Erwan Ollivier, Professeur de l’EHESP en Contrôle de gestion. Il apporte son expertise dans la conception et l’utilisation des outils de pilotage RH. Il contribuera à l’adaptation du questionnaire de l’enquête et participera aux tests avant la mise en ligne. Erwan Ollivier sera également responsable de la mise en œuvre pratique des coefficients multiplicateurs sur données réelles dans un établissement de santé.

 

  • Loïc Guérin, chargé d’études à la Chaire « Économie et Management des Établissements de Santé » (EMES). Il intervient pour la mobilisation des partenariats extérieurs de l’EHESP via l’annuaire de la Chaire EMES. Engagé dans des travaux de recherche en économie sur l’organisation des établissements de santé, il pourra aussi prêter main forte pour la réalisation de la revue de littérature.

 

  • Manon Bourdeau, statisticienne et data manager à la Chaire « Économie et Management des Établissements de Santé » (EMES). Elle apportera son expertise dans les phases de collecte et de traitement des données.

Ce qui nous a convaincus

  • Ce projet ambitieux vise à évaluer l’impact économique de la mauvaise santé des professionnels de santé, un coût actuellement inconnu. Cette étude inédite en France mettra en lumière l’importance cruciale de la prévention pour cette population.
  • La comparaison du coût de la mauvaise santé des professionnels de santé au coût des actions de prévention pourrait démontrer un retour sur investissement significatif pour ces dernières.
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