Promouvoir la santé des femmes sans domicile et en grande précarité dans l’agglomération grenobloise
Idées clés
Domaine d'action
- La médiation en santé
Type de projet
Projet de terrain
Durée du soutien
2023-2024
Lieux
Agglomération grenobloise
- 2/3 des femmes sans domicile accueillies ont moins de 40 ans
- 1/4 sont enceintes et/ou accueillies avec leurs enfants
Les bénéficiaires
Les femmes sans domicile fixe sont un public en souffrance méconnu. Moins visibles que les hommes – qui restent prépondérants dans l’imaginaire collectif du “sans-abrisme” – elles se soustraient des regards pour se prémunir contre les violences répétées auxquelles la grande précarité les expose (90% déclarent en avoir été victimes). Elles sont également nombreuses à avoir recours à un hébergement chez des tiers.
Les risques qui les menacent sont l’isolement, une relation à soi et à leur corps difficile, les addictions, la prostitution, les violences diverses et répétées, la maternité vécue au quotidien dans des conditions périlleuses. Parfois mineures isolées, les femmes en errance rencontrées ont entre 18 et 80 ans. Elles vivent à la rue, par-ci, par-là chez des tiers, en habitat très précaire, en hébergement d’urgence, en hébergement d’insertion, sans domicile stable et sécure. Dans l’agglomération grenobloise, elles sont stabilisées géographiquement ou bien seulement de passage
Parce qu’elles cumulent les vulnérabilités, ainsi que les situations d’insécurité, le recours aux soins est compromis. Elles y renoncent en grande majorité du fait de l’urgence de leur situation qui fait passer la santé au second plan, mais aussi faute d’accès au système de santé, en raison de leur situation administrative, de la saturation des services, mais aussi de l’impossibilité de trouver un médecin traitant.
Cette réalité du terrain montre que la lutte contre la précarité doit être considérée selon le prisme du genre, pour répondre aux spécificités des femmes en errance. En matière de santé, l’enjeu est double : leur redonner un accès au droit commun et mieux repérer et répondre à leurs besoins spécifiques, à travers une prise en charge adaptée
Le projet
L’association Femmes SDF porte le projet, en partenariat avec le PoPS (Point Précarité Santé) de l’association l’Oiseau Bleu. Elle propose un accueil spécifique, inconditionnel et anonyme aux femmes en errance, ciblant notamment les questions de santé. Dans son accueil de jour, les femmes sont reçues par l’équipe sociale de Femmes SDF et pendant les permanences santé hebdomadaires, par une infirmière-médiatrice du PoPS. À l’abri des regards, elles bénéficient d’un lieu sécurisant, où elles peuvent s’exprimer dans un climat de confiance. Les échanges sont fondés sur l’écoute, l’information et l’orientation. Les questions de santé sont abordées en fonction des besoins exprimés : ouverture des droits santé, compréhension du système de santé, recherche de professionnels, mise en lien avec des structures spécialisées, explications de résultats médicaux…
L’accompagnement peut être renforcé quand les enjeux de santé le justifient, notamment lorsqu’il faut refaire un lien avec le médecin traitant, coordonner les soins et aider la personne à se repérer dans ses multiples démarches, accompagner physiquement une bénéficiaire à un rendez-vous médical ou administratif, faire des demandes d’accès à certains dispositifs médico-sociaux. L’association organise également des maraudes pour aller vers les femmes directement dans la rue ou dans les structures d’accueil où elles se trouvent.
Expérimenté depuis 2022, le dispositif a démontré un impact très positif, permettant à de nombreuses femmes très isolées d’avoir un lieu ressources et un accompagnement sur les questions de santé. . Les modalités de l’accompagnement ont su s’adapter à la temporalité particulière de la prise en charge des femmes en errance, entre urgences et absences. Il doit aujourd’hui poursuivre son développement pour répondre aux nombreuses sollicitations.
L’association a également mis en place un groupe de parole sur les sujets de santé, co-animé par une travailleuse sociale et une infirmière-médiatrice. Les femmes s’y expriment sur des sujets de santé qui les concernent. Ce qui s’y dit est une source essentielle d’informations et de compréhension permettant la prise en compte de leurs difficultés mais aussi de leurs ressources et de leurs capacités à résoudre des situations complexes concernant leur santé. Ce qui se joue dans cette démarche collective sera valorisé, par exemple sous la forme d’un support visuel réalisé par une illustratrice.
Un module de sensibilisation doit également être conçu à destination des étudiants du secteur social et de la santé, intitulé « Soutenir la santé globale des femmes en grande précarité – un enjeu au croisement de la santé et du social ». L’objectif : sensibiliser les futurs professionnels de santé pour une meilleure connaissance des femmes sans domicile et une meilleure prise en compte de leurs besoins.
L’espace de confiance est primordial puisque la santé touche à l’intime et nécessite de se sentir en sécurité pour pouvoir en parler et s’en occuper.
La structure
Depuis plus de 20 ans, l’association Femmes SDF accompagne les femmes sans domicile et en grande précarité, pour petit à petit les aider à rompre avec l’errance et pour qu’elles retrouvent une place dans la société. Elle analyse leurs besoins pour y apporter les réponses les plus adaptées. Elle met en lumière leurs parcours de vie spécifiques pour changer le regard du grand public et des intervenants avec lesquels elles interagissent. En impliquant les femmes dans ses programmes et en leur offrant un espace de parole et de participation, l’association vise aussi à leur donner un regard plus positif sur elles-mêmes.
Ce qui nous a convaincus
- Une approche de santé globale favorisant la capacité d’agir des femmes dans leur accès à la santé, leur prévention et la continuité de leur parcours de soin.
- Une action qui vise à sensibiliser les futurs professionnels de santé pour une meilleure connaissance et prise en compte des enjeux de santé des femmes en situation de précarité.